Le directeur produit de la division transports de marchandises du VTC américain revient sur le développement de cette nouvelle activité, un an après son lancement.
Quel est le concept d’Uber Freight ?
De la même manière qu’Uber connecte des chauffeurs privés avec des passagers, nous connectons des expéditeurs de marchandises avec des transporteurs routiers. Nous faisons ici le même métier que les courtiers de fret. Le plus souvent, une fois que ces sociétés se sont vues confiées une cargaison par un expéditeur, elles doivent passer plusieurs appels pour trouver un transporteur, ce qui nécessite en moyenne une vingtaine de coups de fil et quatre heures de travail. Uber Freight simplifie ce processus. Un chauffeur routier peut ainsi visualiser les cargaisons disponibles autour de lui et appuyer sur un bouton pour accepter une prise en charge. Nous avons officiellement annoncé Uber Freight en mai 2017 en démarrant par le Texas. Depuis mai 2018, nous couvrons l’ensemble du territoire américain.
Quelle est la cible et quel est le prix moyen d’une cargaison ?
Nous visons principalement les petites entreprises du transport routier. Il est en effet plus difficile pour celles-ci de faire tourner leurs flottes de camions à plein régime car ces sociétés n’ont souvent pas de contrats de longue durée avec les gros expéditeurs. Les prix varient en fonction de la distance parcourue. Une livraison Los Angeles-New York peut coûter plusieurs milliers de dollars et une liaison Los Angeles-San Francisco quelques centaines. A noter que nous n’assurons pas encore certains types de cargaisons comme par exemple les produits chimiques, l’essence, etc. Nous voulons d’abord être certain de maîtriser parfaitement la livraison des autres types de marchandises avant de nous diversifier.
Les expéditeurs souhaitent généralement travailler avec des transporteurs en qui ils ont confiance. Comment les rassurez-vous ?
Nous constatons en effet que les expéditeurs ont leurs préférences lorsqu’il s’agit de choisir un transporteur. Mais de la même manière qu’Uber a été capable d’instaurer une relation de confiance entre passagers et chauffeurs, nous voulons réaliser la même chose dans le secteur du transport routier. En commandant un chauffeur privé sur Uber, un client est sûr d’obtenir certaines garanties que ce soit au niveau de la propreté du véhicule, de l’amabilité du chauffeur, etc. Même si des exceptions peuvent parfois exister. La philosophie est identique chez Uber Freight.
Les chauffeurs routiers sont donc évalués de la même manière que les chauffeurs privés ?
Notre système d’évaluation des transporteurs est différent de celui des chauffeurs privés qui sont notés sur 5 étoiles. II nous permet d’évaluer si un transporteur est suffisamment compétent pour rester sur la plateforme. Nous regardons par exemple si le chauffeur a livré la marchandise dans les délais, si celui-ci a annulé beaucoup de cargaisons par le passé, etc. Nous analysons aussi les données fournies par les agences gouvernementales comme par exemple le score de sécurité. De cette manière, nous voulons offrir des garanties de qualité aux expéditeurs qui travaillent avec nous.
Quel est le business model de la plateforme ?
Les expéditeurs peuvent soit utiliser notre plateforme en temps réel pour des besoins ponctuels, soit s’engager contractuellement à l’année pour des cargaisons régulières. Ainsi, les expéditeurs paieront le même prix à chaque livraison, peu importe le nombre de camions disponibles. Ce type de contrat leur permet d’avoir de la visibilité pour mieux gérer leur budget annuel.
La marque Uber est-elle un atout pour vous développer dans cette industrie ?
Il s’agit là d’un énorme avantage ! La plupart des expéditeurs que nous avons contactés connaissaient déjà Uber. Certains prennent parfois un Uber le matin pour se rendre au bureau. Ils connaissent donc bien la marque et sont déjà habitués à ce concept de devoir simplement appuyer sur un bouton pour obtenir instantanément un véhicule. Du côté des chauffeurs, une bonne moitié d’entre eux connaissent Uber. A nous de convaincre l’autre moitié en présentant les avantages de notre plateforme et en leur montrant comment ils peuvent gagner plus d’argent grâce à elle.
Pensez-vous qu’Uber révolutionnera l’industrie du transport de marchandises de la même manière que l’industrie du transport de personnes ?
En rendant le système plus efficace, nous permettrons aux expéditeurs, chauffeurs et consommateurs de réaliser des économies. Malgré tout, je ne pense pas que nous assisterons à une baisse des prix comme cela pu être le cas dans le secteur des taxis par exemple, qui doivent supporter des coûts importants pour acquérir leurs licences. Cela n’est pas le cas dans l’industrie du camionnage où les dépenses du côté des chauffeurs et des expéditeurs resteront inchangées. Nous leur apportons simplement une meilleure solution pour trouver des cargaisons.