À San Francisco, le stationnement intelligent commence à porter ses fruits. Les premiers déploiements ont réduit les émissions de gaz et améliorent la satisfaction de tous les usagers – y compris les piétons et les cyclistes.
San Francisco fait partie d’un réseau international de Smart Cities aux côtés de villes comme Paris et Barcelone. La capitale mondiale de l’IT y partage avec ses consœurs un ensemble de bonnes pratiques dans le domaine. Au fil des mois, la ville californienne a utilisé les technologies « intelligentes » pour améliorer l’efficacité énergétique de ses bâtiments, rationaliser le système de gestion des déchets et améliorer son réseau de transport pour faciliter la mobilité.
Les transports au centre de la Smart City
L’Office des transports municipaux de San Francisco (la SFMTA) joue un rôle clé dans ces initiatives Smart City. Elle planche actuellement sur des projets pour améliorer les transports en commun avec en toile de fond des objectifs environnementaux tels que le « zéro carbone ».
La municipalité a reçu 11 millions de dollars du Department of Transportation du gouvernement fédéral des États-Unis pour appuyer six projets.
Les six programmes prévoient :
- De nouveaux couloirs connectés pour les véhicules « à forte occupation » (sic), les transports en commun et le co-voiturage
- Des espaces de trottoir réservés au chargement et au dépôt pour le co-voiturage
- Des feux de signalisation intelligents pour réduire les bouchons et améliorer la sécurité
- Des couloirs de sécurité (dits « Vision Zéro ») pour améliorer la sécurité des piétons et des cyclistes; avec des voies cyclables protégées, des trottoirs plus larges et des vitesses de circulation réduites
- Un système de péage électronique connecté avec une tarification adaptée à la congestion routière à Treasure Island (une île artificielle de la baie de San Francisco construite à la fin des années 1930 pour l’Exposition universelle).
- L’essai de navettes électriques autonomes pour les déplacements intra-îles sur Treasure Island.
SFpark : une tarification dynamique du stationnement
« Un des objectifs principaux de la SFMTA est de rendre les rues plus sûres pour tous les usagers et de s’assurer qu’il existe un large éventail d’options de transport efficaces – à commencer par les transports en commun, la bicyclette et la marche à pied », explique Darton Ito, directeur de l’innovation à la SFMTA.
Dans cette optique, un des projets phares de San Francisco est SFpark. Il vise à créer une gestion plus intelligente du stationnement en adaptant dynamiquement ses prix à la demande. SFpark a lui aussi été lancé grâce à des fonds fédéraux.
« Le programme SFpark a été créé pour réduire le temps que les gens passent à chercher une place, ce qui a pour effet de retarder les transports en commun, de bloquer les cyclistes et d’entraîner une conduite distraite », met en contexte Darton Ito. « En modifiant le prix du stationnement, on s’assure qu’il y aura bien de la disponibilité dans certaines zones géographiques. Les tarifs s’ajustent de façon à ce qu’ils ne soient jamais ni trop bas (ce qui ferait que toutes les places seraient prises ou trop longtemps) ni trop élevés (ce qui ferait qu’il y aurait beaucoup trop de places libres) ».
Pour déterminer le juste prix du stationnement, SFpark utilise des capteurs qui évaluent l’occupation en comptant les voitures garées. Dans les zones pilotes, San Francisco a équipé 8.200 places publiques (du stationnement dans la rue) dont les capteurs sans fil permettent de modéliser en temps réel la disponibilité des places.
30% d’émissions de gaz en moins
Des capteurs ont également été installés dans trois quartiers témoins pour fournir des données de référence à des fins d’évaluation. La SFMTA explique qu’elle se sert de ces évaluations pour élaborer et étayer une proposition d’extension du projet SFpark aux autres places payantes, aux parkings et aux garages de la ville.
Les premiers retours dans les quartiers où le programme a été mis en œuvre montrent que SFpark aurait permis de réduire les kilomètres parcourus par les véhicules et de diminuer de 30 % les émissions de gaz à effet de serre. « La prochaine étape sera probablement une détection qui s’appuiera plus sur la vidéo. Une caméra à un coin de rue pourra évaluer plusieurs zones de stationnement à la fois plutôt qu’une seul », prévoit Darton Ito.
Un paiement dématérialisé et SFgo
Quelle sera la suite pour San Francisco ? Les projets de Smart City qui sont dans les tuyaux de la ville californienne comprennent l’amélioration d’un système de paiement complémentaire à la carte régionale Clipper – une carte à puce rechargeable sans contact qui est utilisée pour le paiement électronique des trajets en transports en commun dans la baie.
« Nous avons développé MuniMobile ,une application de billetterie sur smartphones », rappelle le directeur de l’innovation à la SFMTA. « Nous en sommes à la phase d’évaluation des premiers retours. Nous n’avons pas encore de conclusions sur les modifications à apporter à l’application ou sur les fonctionnalités à lui ajouter. Ce que l’on sait déjà, en revanche, c’est que nous ne voulons pas avoir une app qui ne soit pas connectée au système régional. Il y a donc des discussions en cours à ce niveau : sur la façon d’intégrer notre paiement dans un systèmes de transports en commun multiple, ou d’intégrer ces nouvelles technologies dématérialisées avec la carte à puce physique que nous avons aujourd’hui dans la baie ».
« Nous venons tout juste de débuter le projet d’amélioration de la Van Ness Avenue qui permettra à San Francisco d’avoir son premier système de transport rapide par bus », se félicite le porte-parole. Cet aménagement de la voirie rappelle au passage qu’un projet Smart City, ce n’est pas que de l’IT.