Le gouvernement le jure. « Aucune décision n’est prise sur l’évolution des péages à partir du 1er février 2019, explique l’entourage de la ministre des Transports Elisabeth Borne. Ce n’est pas vraiment le sujet du moment. La priorité absolue pour l’Etat et les sociétés concessionnaires est d’abord l’ordre public et le retour au calme sur le terrain. » Lequel est loin d’être revenu puisque, pour l’acte V du mouvement des Gilets jaunes samedi 15 décembre, plusieurs barrières de péages, dans le sud de la France, ont encore été saccagées, comme à Narbonne.
Certitude, dans ce contexte explosif, le gouvernement a préféré annuler la réunion du comité des usagers programmée le 11 décembre. C’est devant cette instance à laquelle participent les fédérations de transporteurs que l’Etat annonce les traditionnelles hausses résultant de l’application d’une formule mécanique contenue dans chaque contrat de concession. Cet effort de transparence permet aux transporteurs d’anticiper la variation des péages autoroutiers dans leurs négociations commerciales pour l’année suivante.
Pour l’an prochain, la hausse est sensible. Selon plusieurs sources, l’Etat aurait dû annoncer une augmentation de 1,9% bien plus sensible que celle de 2018, qui était de 1,55%. Cette hausse sensible est l’effet boomerang de décisions du quinquennat Macron et de celui de François Hollande. D’abord, une surhausse de quelque 0,25% répare l’erreur de Ségolène Royal, l’ex-ministre de l’Environnement qui avait, en 2015, décidé un gel des tarifs en mettant l’Etat en tort. La seconde surhausse autour de 0,2 % résulte du choix de François Hollande puis d’Emmanuel Macron de faire payer par l’usager l’essentiel de 700 millions d’euros de travaux d’aménagements (bretelles, échangeurs).
L’Etat peut-il différer ces hausses qui, pour des petites concessions, seraient supérieures à 2,5% ? Impossible, selon l’Association française des sociétés d’autoroutes (Asfa). L’Etat se mettrait en tort par rapport au contrat et devrait des compensations. Le président du comité des usagers, François Bordry, s’attend à ce que l’Etat officialise fin janvier, au dernier moment, la mauvaise nouvelle des hausses.