Pour beaucoup de carrossiers, cette année a été une année de records en termes de commandes avec, à la clé, des délais de livraisons à rallonge. Quelles sont les solutions pour raccourcir ces retards à l’heure de l’introduction des nouveaux chronotachygraphes ? Réponses avec quelques carrossiers.
Pour répondre à la problématique des délais de livraison, il est naturel de se tourner vers Schmitz Cargobull, un groupe qui produit un véhicule toutes les six minutes. Aujourd’hui, son usine allemande de Gotha travaille en 3/8 cinq jours sur sept pour produire 30 véhicules/jour. Sébastien Confiant, responsable produit sud de l’Europe, confie qu’il est pour l’instant difficile de faire mieux à cause du manque de personnel. Le carrossier fait ainsi appel à beaucoup d’intérimaires étrangers, tout en sachant que l’on ne s’improvise pas soudeur du jour au lendemain. « Notre objectif est que toutes nos usines soient multiproduits et totalement interconnectées avec un accès aux mêmes données, afin d’être capables de tout produire sur l’ensemble des sites, ceux-ci restant très souples et s’adaptant à la demande », explique-t-il. Pour y parvenir, Schmitz Cargobull a investi plusieurs millions d’euros dans ce programme. Parallèlement en France les distributeurs de la marque ont toujours un stock de bennes Express afin de répondre favorablement à un marché de l’instant.
Benalu
Désormais avec le rachat de Maisonneuve après celui de Mega , le groupe compte quatre sociétés en plus de Benalu et Bennes Marrel. Denis Viard, directeur général de Benalu et président de Bennes Marrel et Maisonneuve, annonce donc un chiffre d’affaires groupe de 150 millions d’euros et un effectif de 1 000 employés. L’année ayant été jugée comme un très bon millésime pour le groupe, le rachat de Mega permettant de produire au plus près des marchés de l’Est et celui de Maisonneuve d’avoir une offre de transport vrac sous forme liquide. De gros investissements ont été consentis sur les trois sites. En Pologne, ce sont de nouveaux bâtiments et de nouvelles chaînes de production qui sont mises en place avec comme objectif un accroissement de 30% de la production. De même pour Benalu, c’est un investissement de 4 millions d’euros qui a été consenti . Tandis qu’un million d’euros sera consacré au site de Liévain , ainsi que 600 000 euros sur Andrésieux , après les 800 000 euros déjà investis .
« Nos délais de livraison sont aujourd’hui de 18 semaines sur les bennes acier, 19 semaines sur les bennes alu et 26 semaines sur les fonds mouvants », précise Denis Viard. « Actuellement, nous livrons en juin/juillet ce qui est commandé en mars. Nous sommes donc sur 16 à 20 semaines de délais alors qu’en temps normal ce serait plutôt de 10 à 12 semaines. Afin de raccourcir ces délais, nous avons réussi à recruter 100 nouveaux collaborateurs depuis . Et puis certains de nos distributeurs ont lancé des commandes stock afin d’avoir des matériels disponibles rapidement. Enfin, nous mettons en place une politique d’achats groupés pour l’ensemble des sociétés en matière de vérins, de systèmes électriques et autres pièces compatibles, avec une solution de gestion commune à tous les sites. »
Fruehauf
Chez Fruehauf, Gérard Buard, directeur commercial, se réjouit de la tenue du marché et de sa progression . Le groupe a travaillé « fort et dur » pour honorer un carnet de commandes bien rempli, ce qui est, selon lui, bien au niveau industriel mais un peu moins au niveau commercial. Il n’en veut pour preuve que les délais de six mois nécessaires à l’obtention d’une benne chez Fruehauf qui a alors proposé une série spéciale Optistrong fabriquée en Pologne par Wielton et livrable sous 12 semaines et parfois sous 10 semaines. Et puis la ligne robotisée de l’usine d’Auxerre, mise en service , fonctionne aujourd’hui à mi-puissance avec une cadence de 12 plateaux par jour et un objectif de 24 plateaux/jour à la fin de l’année. Afin de réduire encore ces délais de fabrication, ce sont pas moins de 200 personnes qui ont été recrutées. De même sur les bâchés qui représentent environ 1 000 véhicules par an, la création d’une Maxi-Speed standard à travers une série spéciale « Croissance 1 000 » a permis de ramener les délais de
six mois à 8 à 12 semaines. « Au global, nous avons fortement augmenté les cadences de production sur les bâchés, les fourgons et les bennes, mais la tendance nous montre que ce sera un excellent exercice puisque notre carnet de commandes est plein jusqu’à une bonne période ».
Dalby
Directeur général de Dalby, Patrick Cordey confirme que cette année a été une très bonne année, avec une activité en croissance de 20%. Preuve, selon lui, que leur méthode globale, qui consiste à prendre en charge tous les aspects, y compris réglementaires, sur les bras mais aussi les remorques et les conteneurs ainsi que le bâchage, intéresse les clients. Le marché est très fort, et les équipes sont quasiment restées en 2/8 depuis un an afin d’augmenter les cadences. Et des accords ont été pris afin de s’adapter avec l’arrivée des nouveaux chronotachygraphes. Car certains blocages ont eu lieu à cause de retards dus à des sous-traitants. Patrick Cordey avance que « l’effet tachygraphe » a été très sensible pour eux puisque malgré un carnet de commandes plein jusqu’à l’automne prochain, certains camions et châssis ne leur seront pas livrés avant juin/juillet. De quoi envisager un changement de méthode et de prévisionnel et réfléchir à une nouvelle montée en puissance